illustrations de cactus

L’alternative est féconde

Je m’intéresse depuis quelques mois à l’esprit critique et aux biais cognitifs. J’ai décidé d’illustrer certains principes et citations avec des cartes réalisées à l’aquarelle.

Pour ce sujet, je citerai Henri Broch :

L’un des outils les plus puissants qui soient à notre disposition consiste à se poser la question : “Existe-t-il une autre explication possible qui donnerait un résultat identique ? » […] Si beaucoup de phénomènes “paranormaux” sont fondés sur un trucage ou une astuce que l’alternative peut rendre claire, il en existe d’autres qui, en fait, n’ont besoin d’aucun trucage. La fécondité de l’alternative sera, cette fois, de permettre de dire : « Oui, le phénomène est vrai, mais peut-être n’y a-t-il pas besoin de faire appel au miracle ; on peut en donner une explication naturelle ».

Ce concept est généralement cité sous le nom du Rasoir d’Ockham ou principe de parcimonie, qui peut se résumer par l’adage populaire « Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ? ».

Le rasoir ne prétend pas désigner quelle hypothèse est vraie, il indique seulement laquelle devrait être considérée en premier : celle impliquant le moins d’hypothèses non documentées.

Si en touchant une plante vous sentez soudain une piqure dans le doigt, l’hypothèse à privilégier est que la plante est à l’origine de la piqure, car il est bien documenté que certaines plantes sont urticantes. Ce n’est qu’après avoir vérifié l’invalidité de cette hypothèse qu’on devra envisager par exemple une morsure d’araignée minuscule, et après avoir envisagé toutes les hypothèses “naturelles” qu’on envisagera la cause surnaturelle.

Attention : on ne cherche pas à favoriser la simplicité (dans le sens “une seule hypothèse qui expliquerait tout”), mais plutôt la crédibilité de l’hypothèse étant donné ce que l’on sait déjà sur le monde. Par exemple, on préférera expliquer l’évolution des espèces par la sélection naturelle (concept prouvé scientifiquement) que par la volonté divine (concept non prouvé scientifiquement).

Corolaire : s’il existe une erreur dans ce que l’on pense savoir sur le monde, le principe de parcimonie nous poussera sur une fausse piste. Jusqu’à ce que celle-ci soit démontrée fausse, et qu’on envisage l’hypothèse suivante.

Je conclurai sur une autre citation (bien que probablement apocryphe d’après wikipédia) :

Napoléon : « Monsieur de Laplace, je ne trouve pas dans votre système mention de Dieu. »

Laplace : « Sire, je n’ai pas eu besoin de cette hypothèse. »

D’autres savants ayant déploré que Laplace fasse l’économie d’une hypothèse qui avait justement « le mérite d’expliquer tout », Laplace répondit cette fois-ci à l’Empereur :

Laplace : « Cette hypothèse, sire, explique en effet tout, mais ne permet de prédire rien. En tant que savant, je me dois de vous fournir des travaux permettant des prédictions »

Source de la citation d’Henri Broch : http://sites.unice.fr/site/broch/articles/H.Broch_Dict_Quillet_1994_Zetetique.pdf

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