Récit de la publication de mon livre – Partie 1

L’origine du projet

Dans la liste des choses que je n’ai pas annoncées sur mon blog alors que j’aurais dû, il y a aussi ça : j’ai publié un livre. Un livre pour tout petits. Il est tout en carton, plein de couleurs, et il représente des filles, sans cliché sexiste.

Ça ne vous parait pas spécialement original? Je vous mets au défi de me trouver 5 livres premier âge tout carton avec des héroïnes. Ils existent peut-être, mais bien cachés. Quand j’ai cherché cela en janvier 2018, en faisant défiler les pages de livres bébé sur les sites d’Amazon et de la Fnac, je n’en ai trouvé aucun.

À la base, je ne cherchais pas particulièrement des livres avec des filles. Mon nouveau-né était un garçon et je ne me posais pas forcément la question, je voulais juste trouver des livres sympas pour mon bébé qui venait de naître. J’ai mis un livre, deux livres, trois livres dans mon panier Amazon (oui je sais, Amazon c’est le mal, mais c’est quand même bien pratique quand il fait -12°C et que tu es en plein post-partum, don’t judge me, je suis pas venue ici pour souffrir, ok). Bref, je faisais donc nonchalamment mon marché quand soudain, je réalisai que mon panier ne comportait que des petits garçons. Enfin, des livres avec des héros garçons, vous m’avez comprise (c’est illégal d’acheter des petits garçons, d’ailleurs j’en avais bien assez d’un à la maison, je vous le promets). Je me mis alors en quête d’héroïnes. Naïvement. Pensant, comme vous peut-être, que c’était monnaie courante les héroïnes, et que seuls mes propres biais sexistes m’avaient orientée vers des livres avec des garçons pour offrir à mon garçon. Mais que nenni ma bonne dame — et mon bon monsieur —, quelle ne fut pas ma surprise de constater que je n’en trouvais pas un !

Des garçons, à foison. Des animaux, plus qu’il n’en faut. Des animaux garçons surtout. L’aviez-vous remarqué que les animaux des séries de livres très connus pour tout petits sont tous des garçons ? Petit ours brun, Ptit Loup, Tchoupi, Tilou bleu…

Après une bonne heure de recherche, je finis par trouver une collection entière dédiée aux petites filles. Hourra! Victoire! Eurêka!

Non. Fausse joie.

La collection Ptite Fille des éditions Fleurus m’a retourné l’estomac.

Photo de 11 livres de la collection P'tite fille
Livres de la collection P’tite Fille des éditions Fleurus. Source : ebay
  • Rose joue à la princesse
  • Nina joue à la dinette
  • Chloé joue à faire le ménage
  • Clara joue à la danseuse
  • Jade joue à la coiffeuse
  • Ninon joue à la secrétaire…

Comme m’a répondu mon frère à l’époque : il ne manque plus que “Emma joue à avoir un moins bon salaire que Mateo à qualifications équivalentes” et le compte est bon.

Parenthèse sur cette maison d’édition (qui a je crois d’autres trucs très bien au demeurant) : dans la collection Ptit garçon, ces derniers ne sont pas en train de “jouer à”, d’ailleurs ils ne sont même pas les sujets des livres. Les sujets, ce sont leurs GROSSES MACHINES (à prononcer avec une voix virile, ça rend mieux) :

Photo de 20 livres des collections P'tit garçon et P'tit Héros
Livres des collections P’tit Garçon et P’tit héros des éditions Fleurus. Source : ebay
  • Le gros camion de Simon
  • Le sous-marin de Gabin
  • L’avion de Gaston
  • Le camion-toupie d’Alexis
  • La voiture de police de Brice, etc

Mais passons sur Fleurus et recentrons nous sur nos moutons. Me voilà donc effarée, énervée, saoulée d’avoir perdu une heure de mon temps et d’être Gros-Jean comme devant1. Je continue donc de grogner sur le groupe WhatsApp familial quand ma maman décrète avec entrain :

– On va le lui écrire ce livre! Camille, tu fais les illustrations?

Et c’est comme ça que tout a commencé.

Trois semaines plus tard, j’ai lu quelque chose qui m’a parlé dans un livre sur l’éducation : les enfants ont besoin de temps pour “arriver” quelque part. S’ils ne veulent pas faire de bisous en arrivant chez des amis ce n’est pas grave, c’est pas pour autant qu’il faut leur coller l’étiquette “timide” (qui est un trait de caractère, et pas une émotion ponctuelle).

C’est là que la thématique de mon futur livre a germé : on ne peut pas forcer sans arrêt les enfants à faire des bisous et attendre d’eux qu’ils maîtrisent intuitivement la notion de consentement. L’apprentissage se fait par l’exemple. Si je veux que mon fils respecte plus tard le consentement d’autrui, il faut que je le lui inculque par l’exemple et les explications.

12/02/2018 à 20:42 – Margaux Perrin : Je viens d’avoir une idée pour le projet Livre pour enfants : un livre sur le thème du consentement 😁
12/02/2018 à 20:45 – Margaux Perrin : Mais au sens large, pour faire à la fois de l’éducation aux futurs hommes et à la fois de la prévention à la pédophilie, mouahahah. Genre ça pourrait s’appeler Les bisous et ça parlerait d’un enfant qui aime les bisous (les bisous normaux, papillons, esquimaux, poutoux…), et un jour il veut faire un bisou à quelqu’un qui ne veut pas (à la crèche par exemple), et une autre fois il va chez des amis avec ses parents et il a pas envie de faire des bisous.

Mon frère et mes parents se sont montrés enthousiastes, on a échangé une quinzaine de messages sur le sujet, et on n’en a plus parlé pendant 8 mois.

Dans le prochain épisode : exploration des besoins (c’est quoi qui plait aux tout petits ?), idéation (univers, styles graphiques) et conception (de l’histoire et des illustrations), pour faire genre que vous êtes toujours sur le blog d’une ergonome. Je le disais déjà en 2015 : tous les métiers peuvent s’apparenter à de l’UX design !


1 Être gros-Jean comme devant : ne pas être plus avancé ; avoir eu un espoir important et être déçu (une de mes expressions de grand-mère favorites)

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